top of page

BEL DEN PA DI ZANMI

Soyez prévenus : je n’arrive pas à savoir si avec cet article nous partons sur du cynisme, de l’inquiétude, du pessimisme, de la méfiance, ou de la préservation, mais pour sûr, il n’est pas tout rose.


Certains disent que je suis révoltée et vite émue, chagrinée ou encore courroucée et furieuse parce que je suis d’une naïveté des plus adorables. Ben voyons ! Combien de fois ai-je entendu : « Oh, tu es tellement mignonne ! Mais … c’est comme ça que ça se passe ! » ? Et je refuse de m’habituer à certaines situations, je refuse les « c’est comme ça » et autres « c’est le monde dans lequel nous vivons », et c’est parce que nous en arrivons à ne même plus être  choqués de certaines de nos abominations que je suis vite émue, chagrinée, courroucée ou furieuse.

Peut-être est-ce ma naïveté qui parle, mais je suis persuadée que nous pouvons changer les choses, rendre le monde meilleur en nous rendant nous-mêmes meilleurs. Je parle ici de petites actions quotidiennes dans nos relations quotidiennes. Mais plongée dans cette collectivité, sorte d’humanité que nous nous amusons à rendre putride, je ne peux pas toujours rester emmitouflée dans ma couette d’optimisme naïf. Et comme tout le monde, j’ai mes phases d’humeur, mes moods, et cet article ne se veut ni naïf, ni optimiste, ni plein d’espoir, et après l’avoir lu, vous allez certainement commencer à passer au crible toutes les actions de vos amis les plus proches, regarder d’un mauvais œil ce collègue qui est devenu, au fil du temps, un copain, avant de certainement prendre vos distances avec eux… Oups !


Soyez donc prévenus, car je décline toute responsabilité. Après tout, l’intitulé du blog n’est-il pas Les Lettres Noires d’une Demoiselle de Lettres ?

Comme écrit tantôt, je pense que c’est en nous rendant meilleurs, en améliorant notamment nos relations quotidiennes aux autres, que petit à petit nous en arriverons à rendre le monde meilleur…car c’est nous qui le faisons, ce monde.

Et nous avons tous, dans nos relations, cette rencontre due au hasard qui a changé ou change notre vie. Je parle de cet ami fabuleux qui, en peu de temps le plus souvent, a su trouver une place privilégiée dans notre vie et notre cœur, auquel on se confie, auquel on confie nos aspirations, nos projets….et qui nous permet de trouver la motivation et la confiance nécessaires au passage à l’action. Mieux encore, nous agissons nous aussi dans la vie de cette imposante rencontre : parce que l’épanouissement mutuel, c’est de la belle humanité.

J’écris certes de mes expériences, mais aussi des vôtres, celles que vous, magnifiques inspirations, partagez avec moi (instant émotion), et je sais donc que nous avons tous cet ami, ce collègue, et même ce membre de notre famille qui, pour dix belles paroles motivantes, osera une action qui nous apportera une grande déception et nous fera tout remettre en question. Je parle de cette envie, ce projet, que nous ne pouvons pas mener à bien dans l’immédiat par faute de temps, de moyens, de contacts, et/ou encore de confiance. Une envie, un projet que notre ami va commencer avec nous pour ensuite nous laisser sur le carreau, ou qu'il va carrément s’approprier car lui a le temps, les moyens, les contacts, et/ou la confiance. Puis il nous dira qu'il avait également cette envie, ce projet, et qu'il y pensait depuis longtemps avant de nous apaiser, insultant au passage notre intelligence, en nous assurant que de toute manière notre version du projet est beaucoup plus importante, innovante, brillante que sa version. Et puis, pouvons-nous lui en vouloir? Il n'allait quand même laisser cette magnifique initiative mourir là en attendant que nous nous décidions de nous lancer, que nous trouvions le temps, les contacts, et/ou la confiance. Evidemment!

Avez-vous déjà vécu une situation similaire ? Ce moment où vous êtes mis à l’écart de votre propre projet par quelqu’un que vous portez dans votre cœur mais qui dit vous porter également dans le sien ? Déception. Sentiment de trahison. Remise en question...Suspicion?

Et c’est là que j’aurais voulu faire preuve d’optimisme, parler pourquoi pas d’une possible maladresse ou incompréhension pour ensuite appeler à la discussion émouvante qui est censée aboutir sur un pardon qui ne fera que renforcer une amitié fraternelle. Mais parfois, bèl den pa di zanmi, et  malgré les jolies paroles motivantes, les bons sentiments exprimés, l’être humain, dans sa désolante humanité, œuvre pour son intérêt personnel et/ou pour l’intérêt de ses autres amis, mais en tout cas, pas dans le nôtre.


Ne vous avais-je pas mis en garde dès les premiers mots ? C’est la Bad Mood Céline qui prend la plume aujourd’hui. MAIS l'ingénue que j'accepte être n'est jamais bien loin.


Si vous avez lu Au huitième jour, vous savez que je mets un point d’honneur à questionner mes propres actions et comportements lorsque je déplore ces mêmes actions et comportements chez les autres ; car s’il est bien trop facile de pointer l’autre du doigt, l’introspection est aussi nécessaire que difficile (ce qui, à mon sens, la rend admirable). Nous sommes-nous déjà laissés – un peu trop – inspirer par le travail de notre ami ? Nous sommes-nous déjà accaparés son projet, nous persuadant que ce n’était pas une mauvaise chose puisque nous avons les ressources pour le mener à bien ? Sommes-nous prêts à bafouer les sentiments d’un ami pour favoriser un autre ami et notre propre intérêt ? Compliqué, n’est-ce pas ? Et pourtant, je pense que se poser ces questions est ce qui pourrait faire passer nos relations aux autres du triste constat que l’être humain n’est pas fiable au respect d'une extraordinaire humanité. Car, pour revenir à de meilleurs sentiments et avant que nous ne mettions bêtement fin à une relation dégoulinante de bons sentiments et de fous rires, rappelons-nous que la maladresse est également humaine, tout comme l’incompréhension et l’erreur. Parfois, la maladresse n’est que cela : une maladresse. Penserions-nous alors vraiment condamner une si belle relation ?


Ce que j’en dis, alors ? Parce que bèl den pa di zanmi, gardons nos projets, nos aspirations, nos envies, pour nous. Ne permettons pas aux autres de prendre le contrôle sur nos aspirations alors que nous n’avons pas encore une bonne prise sur elles. En d'autres termes : cessez de racontez tous vos projets à vos dits amis! « Quoi?! Mais qu'est-ce qu'elle raconte? A quoi sert l’amitié alors ?! » Oh je vous en prie ! Même à votre conjoint, vous ne dîtes pas tout, alors n’essayez pas de me faire croire que vous avez le besoin vital, la nécessité de tout raconter à cet ami, ou ce collègue. Mais surtout, et sans vouloir me montrer brutale, si vous choisissez de le faire, apprenez au lieu de pleurnicher et de vous plaindre auprès des pauvres âmes qui auront le malheur de passer par là une fois que votre ami vous aura, ce que vous appelez volontiers, planter un couteau dans le dos.

Ce que j'en dis, alors? Nous n'avons pas le contrôle sur les actions des autres, mais nous nous devons d'avoir le contrôle sur les nôtres, à commencer par notre langue. Il ne s'agit pas de suspicion ni de paranoïa, et encore moins de faire du mystère autour de nos projets. Il s'agit,malheureusement, de reconnaître que nos bons sentiments et notre foi en l'Humanité ne peuvent pas suffire à sauver cette dernière, et qu'il faut se protéger avant de prétendre soigner. Bèl den pa di zanmi, alors protégeons de ces petits désagréments qui nous minent et nous découragent jusqu'à en perdre foi en l'Humanité.

Il est ici question d'exigence : être exigent envers soi-même avant d'être exigent dans nos relations avec les autres, à commencer par ne pas accepter tout et n'importe quoi de nos amis, et encore moins leur infliger ce tout et n'importe quoi. Car oui, j'ai l'intime conviction que nous pouvons, à notre petit niveau, changer les choses au quotidien; et ce sont ces petites choses du quotidien dont nous avons l'entière responsabilité qui font notre monde. Il faut croire que finalement, s'il appelle à ne pas être naïf, cet article se veut bel et bien optimiste et plein d'espoir.

12 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page